Alors que les innovations dans le secteur alimentaire continuent de redéfinir les standards, de plus en plus d'entreprises explorent des ingrédients et des méthodes non conventionnels pour répondre aux enjeux de durabilité, de santé et d'éthique.

Les Novel Foods constituent l'un des segments les plus dynamiques de l'industrie. Pourtant, malgré le potentiel immense de ces produits, le chemin vers la commercialisation est loin d’être simple. Il ne suffit pas d'innover, il faut également comprendre et surmonter les défis réglementaires et de contrôle de qualité liés à la mise sur le marché de ces nouveaux produits.

Mais qu'est ce qu'un aliment Novel Food exactement?

Selon l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), une Novel Food désigne tout aliment qui n’a pas été consommé de manière significative dans l'Union européenne avant le 15 mai 1997. Cela inclut des produits alimentaires nouvellement développés, des aliments produits avec de nouvelles technologies, ou ceux dérivés d'ingrédients traditionnels n'ayant pas été consommés dans l'UE auparavant. On peut notamment penser à des alternatives à la viande à base de plantes, aux insectes comestibles ou à des aliments à base de mycélium, mais cela représente qu'une infime portion des aliments que l'on retrouve dans cette catégorie, et chacun fait face à ses propres obstacles réglementaires.

Obstacles réglementaires : Authorisation des Novel Foods

L'un des défis les plus importants pour les nouvelles entreprises est d'obtenir l'autorisation nécessaire pour commercialiser leur produit en tant que Novel Food. Mary-Liis Kütt, Directrice de l'Innovation chez ÄIO, une startup estonienne fondée en 2022 qui développe une alternative aux graisses et huiles à partir d'une levure non conventionnelle, évoque le processus long et coûteux qu'implique cette autorisation.

Pour une startup comme ÄIO, obtenir l'approbation pour un produit Novel Food ne consiste pas uniquement à prouver la sécurité et la qualité du produit. C'est un processus qui demande de soumettre une demande d'autorisation détaillée, incluant de nombreuses preuves scientifiques et analyses, ce qui peut faire preuve aux plus petites entreprises. Pour ne rien faciliter, il n'existe pas de document unique mais plusieurs directives réglementaires interconnectées entre elles. Naviguer dans cet environnement nécessite du temps et une compréhension approfondie, poussant souvent les entreprises à faire appel à des consultants externes ou à des acteurs établis de l'industrie pour les aider à interpréter et à se conformer aux normes.

Avec la publication récente de la nouvelle "Guidance on the scientific requirements for an application for authorisation of a Novel Food" par l’EFSA en septembre 2024, il y a espoir que le processus devienne plus clair. Cependant, Mary-Liis souligne aussi l'importance de discuter avec d'autres experts et professionnels du secteur pour vraiment comprendre le système.

"Je suis restée assise trop longtemps à essayer de comprendre toute seule." Mary-Liis Kütt

Définir son plan de contrôle après commercialisation

Une fois l'autorisation obtenue, le défi du contrôle qualité se pose. Établir un processus solide est essentiel pour assurer la constance et la sécurité du produit. Cela implique de surveiller les processus de production et de tester les produits finaux pour détecter d'éventuels contaminants. Cela peut être difficile, car il n’existe pas de directive unique applicable à tous les produits, et il est peu probable de pouvoir en créer une — heureusement, le nouveau dossier de l'EFSA montre déjà des améliorations.

L'absence de directives universelles complique cette tâche. Mathilde Guichet, spécialiste en qualité dans le secteur des Novel Foods, indique que de nombreux produits, comme ceux à base de mycélium, s'appuient sur les normes de sécurité des produits carnés. Bien que cela offre un cadre, des différences significatives de risque existent entre les produits, ce qui soulève la question de la pertinence de ces parallèles.

Une stratégie souvent adoptée par les entreprises est de s'appuyer sur les normes règlementaires de produits similaires plus établis. Mathilde Guichet, spécialiste en qualité dans le secteur Novel Food, a pris l'exemple des produits à base de mycélium, de plus en plus populaires en tant qu'alternatives à la viande, reposent souvent sur les normes de sécurité strictes utilisées pour les produits carnés.

Bien que cela offre un cadre, des différences significatives de risque existent entre les produits, ce qui soulève la question de la pertinence de ces parallèles. Dans le cas du mycélium, qui est cultivé dans des environnements contrôlés, la probabilité de contamination par des microorganismes tels que Escherichia coli — une préoccupation courante dans la production de viande — est minimale. Appliquer les réglementations sur la viande pourrait donc sembler excessivement prudent, compte tenu des profils de risque différents entre ces deux sources alimentaires.

Collaboration et Partenariat : la Clé du Succès

Face à ces défis, la collaboration et le partage de connaissances sont essentiels. Les entreprises opérant dans le domaine des Novel Foods ouvrent souvent de nouvelles portes, et le soutien d'autres acteurs du secteur peut s'avérer précieux. Mathilde et Mary-Liis soulignent toutes deux l'importance de tisser des liens avec des partenaires fiables et expérimentés. Ces connexions peuvent aider à anticiper les défis réglementaires. Par exemple, Mary-Liis a pu identifier des exigences spécifiques dès le début du développement de son produit, ce qui lui a permis d’adapter son approche en conséquence.

Dans les processus d'autorisation et de contrôle qualité, une chose est claire : la collaboration et le partage des connaissances sont cruciaux. Les entreprises naviguant dans le domaine des Novel Foods explorent souvent des territoires entièrement nouveaux, avec peu de précédents à suivre. En se connectant avec d'autres innovateurs, des organismes de réglementation et des experts de l'industrie, elles peuvent partager leurs expériences, apprendre les unes des autres et construire des cadres plus solides pour réussir.

Mathilde Guichet et Mary-Liis ont toutes deux souligné l'importance de ces liens. Au-delà de la collaboration, travailler avec des partenaires solides et expérimentés est essentiel. Bien que chaque aliment ait ses spécificités, ils partagent également des éléments communs comme les protéines, les lipides ou les glucides, qui peuvent engendrer des difficultés similaires. Le partage d'expérience peut réellement permettre d'anticiper certaines exigences et d'accroître la vigilance sur des aspects de production. Grâce aux discussions qu'elle a eues avec d'autres experts du secteur, Mary-Liis a pu identifier des exigences spécifiques liées à l'analyse des caroténoïdes dès le début du développement de son produit.

Des partenariats solides, bâtis sur la confiance et l'expertise partagée, aident non seulement les entreprises à anticiper ces défis, mais leur offrent également un chemin à suivre.

Conclusion: De Novel à Mainstream

Malgré les obstacles, les réussites dans le secteur des Novel Foods se multiplient. Des produits qui étaient autrefois considérés comme marginaux, comme les graines de chia ou l'extrait de cacao, sont désormais courants dans nos cuisines (et ils n'ont été autorisés qu'en 2009 et 2013!).

Cet engouement promet un avenir positif pour les innovateurs. À mesure que l'industrie évolue et que la collaboration entre entreprises et régulateurs s'intensifie, il est probable que les défis actuels deviennent des chemins plus fluides vers le succès

"Quel conseil donneriez-vous à une entreprise qui débute?

Essayer d'obtenir le plus d'aide possible, discutez avec d'autres entreprises et vérifiez toujours vos informations plusieurs fois !" Mary-Liis Kütt

Et vous, quel a été votre plus grand challenge pour le développement d'un produit Novel Foods? Rejoignez notre communauté WhatsApp et partagez vos expériences - On a hâte d'avoir vos retours !

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