Entretien avec Dr. Vanessa R. Coffman, Directrice de Alliance for Stop Foodborne Illness
Nous avons rencontré, Vanessa Coffman, directrice de l’association américaine Alliance for Stop Foodborne Illness. Vanessa et son équipe travaillent dur pour éveiller les consciences autour de l’importance de la sécurité alimentaire.
Pour cela, ils ont développé un kit d’outils fournissant des ressources et conseils afin d’aider les industriels à renforcer les pratiques mises en place au sein de leurs entreprises. Ce sujet, bien que essentiel, est trop souvent mis de côté face à des contraintes de temps et de coûts et il est important de le reprioriser. Lors de cet échange, nous abordons aussi la mise en place d’une culture d’entreprise autour de la sécurité alimentaire et les défis que cela représente.
- Salut Vanessa, pouvez-vous commencer par vous présenter ?
Bien sûr, et encore merci pour cette opportunité. Je m'appelle Vanessa Coffman et je suis directrice de Alliance for Stop Foodborne Illness. C'est un programme hébergé par l'association Stop Foodborne Illness. Nous travaillons principalement sur la culture des entreprises autour de la sécurité alimentaire. Notre mission est de renforcer la prise de conscience des industriels et de les soutenir dans leurs projets. Nous collaborons déjà avec une vingtaine de grandes entreprises alimentaires internationales, leur but est d’échanger entre elles sur leurs pratiques et développer des ressources et supports qui pourront également être partagées en dehors de ces entreprises, notamment avec leur chaîne d'approvisionnement.
- Pouvez-vous nous en dire plus sur le travail que vous réalisez ?
Un des projets dont nous sommes les plus fiers est notre kit d'outils, nous avons d’ailleurs récemment remporté le Prix de l'Innovation en Sécurité Alimentaire de l'IASP pour ce kit. Cet outil a été conçu comme une ressource pour de nombreux aspects de la sécurité alimentaire et offre des conseils pour améliorer sa considération au sein des entreprises.Notre kit inclut à la fois des outils pour aider les équipes à renforcer la sécurité alimentaire, des pistes pour élaborer des plans efficaces, et des outils de communication pour informer les autres employés sur les initiatives en cours. Ce qui le rend vraiment spécial, ce sont les vidéos que nous avons intégrées. Elles mettent en lumière des personnes directement touchées par des problèmes de sécurité alimentaire, ce qui rend le message très fort. Nous avons actuellement six vidéos, et notre objectif est d’en avoir 30 d'ici la fin de l'année.
- Quelles sont les tendances émergentes que vous avez pu observées ?
Quelque chose que nous avons remarqué est que les entreprises cherchent de plus en plus à intégrer cette culture dans toutes leurs activités. Comme nous travaillons à l'échelle internationale, nous constatons que certains pays ont des régulations à ce sujet, tandis que d'autres n'en ont pas encore. Aux États-Unis, par exemple, aujourd’hui il n’existe pas de régulations spécifiques à la culture de la Food Safety. Nous essayons de suivre ses évolutions en Europe et ailleurs, mais ce que l'on observe globalement, c'est qu'avec ou sans régulation, l'intérêt et les préoccupations autour de la sécurité alimentaire augmentent. Les entreprises veulent s'assurer qu'elles font les choses correctement, même si elles ne sont pas surveillées.
Personne ne veut rendre quelqu'un malade ; tout le monde veut faire ce qu'il faut pour l'éviter.
La question qui se pose c’est comment continuer à faire le bon choix malgré les pressions constantes liées au temps, aux coûts et aux pénuries de main-d'œuvre ? Les gens sont souvent pressés, et nous voulons nous assurer que, même dans ces conditions difficiles, chacun continue de faire les choses bien.
- Vous avez mentionné que certains pays sont plus régulés que d’autres. Pensez-vous que la réglementation suit les évolutions sociétales ? Ou est-ce qu'il reste encore un long chemin avant d’atteindre une réglementation optimale ?
Aux États-Unis, la FDA a clairement indiqué qu'elle ne régulera jamais la culture de la sécurité alimentaire. Et vous savez, les gouvernements ont souvent du mal à avancer rapidement, même dans les meilleures conditions. C'est pourquoi je trouve vraiment remarquable que l'industrie travaille si dur et de manière collaborative pour résoudre ce problème par elle-même, sans avoir à se fier à des régulations ou à des pressions réglementaires. C’est assez impressionnant de voir comment l'industrie s'engage activement pour améliorer de cette culture et aborder les défis de manière proactive. Cela montre une volonté forte et une collaboration qui vont au-delà des exigences réglementaires. Malgré la lenteur des processus gouvernementaux, l'effort collectif de l'industrie pour avancer sur ce front est vraiment admirable.